#Interview Paco

10/07/2020
  • Tout d'abord, peux-tu te présenter et nous rappeler ton parcours de hockeyeur pour ceux qui nous suivent ? 

Pascal Grit, plus communément connu sous le pseudonyme de « Paco ». Je suis segréen depuis 44 ans. Je suis hockeyeur depuis 24 ans. Je n'aime pas trop parler de moi d'habitude, mais là c'est l'exercice qui veut ça, alors je vais me prêter au jeu. J'ai commencé le hockey à 20 ans, donc je n'ai pas suivi d'école de hockey.Avant le hockey, j'ai commencé par le tennis, je connaissais déjà toute la famille Delouche (la célèbre famille Delouche, très investie dans le sport segréen de longue date et notamment dans le tennis segréen). J'en ai retrouvé certains au hockey, comme le papa, Jean-Paul (qui a son numéro de maillot encadré en son hommage au club house du club) et le dernier de la famille Delouche, Jean-Marc alias « Doutch ». Je les a tous eu en profs de tennis dans la famille Delouche : Josiane, Jean-Paul, Jean-Paul fils... Après le tennis, je me suis mis au foot, à Nyoiseau, j'étais gardien de but. J'étais déjà attiré naturellement par le poste de gardien de but, le début d'une longue histoire. Mais l'ambiance du foot, je la trouvais bof, surtout si je n'étais pas dans les buts. J'ai arrêté rapidement, et ça a été ma longue traversée du désert sans sport. Disons que j'avais d'autres passions à l'adolescence... Mais vers la vingtaine, j'ai eu envie de reprendre du sport.Le hockey sur gazon, j'y suis venu via ma sœur Sandrine Mouche. J'y suis venu aussi pour les copains, et pour les autres copains... et ainsi de suite... Après deux séances je me suis dit que c'est ce que je voulais faire. On a appris après les écoles de hockey nous, on s'est formé tout seul. Quand il a fallu faire gardien, j'avais déjà des notions et j'avais envie de le faire. J'aime bien ça parce que c'est un poste individuel dans un sport collectif. Quand je m'habille, je suis déjà dans ma bulle. C'est une vraie préparation mentale le gardien. Tu te fends la gueule quand t'es dedans et qu'on te tire dessus. Un match où tu ne prends pas de tirs, tu t'embêtes. Même si tu dois compter sur tes défenseurs, c'est un défi à chaque fois d'arrêter ce qui suit. Mais je n'aime pas me faire allumer non plus hein ! J'en ai pris des frappes, mais celle d'Antoine Rabine, ça décoiffait, y'avait des marques sur les poteaux. T'entendais les balles siffler quand elles te passaient à côté.

  • Pourquoi avoir choisi le club de Segré ? 

On était sur place, je cherchais un sport qui changeait des sports « communs »... Et vu qu'il y avait des copains et de la famille... C'était un super groupe à l'époque qui s'était créé très rapidement ! C'est une vraie aventure de viser une montée de division par exemple. On lapidait tout le monde sur notre terrain stabilisé de l'époque. C'était à notre époque une vraie aventure. Quand on fait le compte, c'est que des anecdotes de fou, on s'est toujours éclaté. J'ai jamais eu envie de faire d'autres sports que le hockey, c'est tellement à part, que je ne peux pas retrouver ça ailleurs. C'est une famille, même si y'a parfois des frictions, tu connais les mecs en face, et les bisbilles sont vite enterrées. C'est vraiment une famille le hockey en fait. Maintenant, je considère plus ça comme une aventure, qu'une histoire.

  • Quel était ton poste sur le terrain ? 

Gardien de but, dernier rempart, l'ultime sauveteur, le garde-chiourme...

  • Quelle est l'équipe que tu as le plus affronté ? 

Le SCO. On a toujours eu une équipe du SCO dans notre division. C'est toujours grisant de battre le SCO. Sur l'ensemble, on doit arriver à l'équilibre ? Je ne pense pas, mais dans les matchs à enjeux, on les a toujours déçus.

  • Ton meilleur souvenir au club ? 

Dur de choisir... Peut-être le voyage de l'équipe sur l'île de La Réunion. J'en ai pleins des souvenirs, comme des matchs à Brest, avec Jeff Deneux qui parvenait toujours à faire sortir le meilleur joueur adverse en lui faisant prendre des cartons rouges. D'autres souvenirs, comme le Tournoi de Toulouse, le Challenge Sandrine Mouche... En fait, je dois avouer qu'il y a 15 000 meilleurs moments durant ma carrière au club. Mais plus personnellement, j'ai eu aussi, en tant que gardien, des moments de grande fierté où j'avais l'impression d'avoir sauvé des matchs, d'avoir sauvé l'équipe. Et là tu es fier d'avoir agi pour l'équipe, tu ressens le sentiment du devoir accompli.

  • Puisqu'on y est, as-tu une anecdote à raconter ? 

Ah j'ai du mal à choisir là... Des anecdotes collectives ? Alors... Si, il y a celle-là, on commence tôt le matin pour partir jouer contre Saint-Malo, mais quand on arrive, on se demande dans le vestiaire : « Au fait les gars, qui a les maillots ?? ». Là-dessus, Stéphane Romann qui nous dit « ah ouais ! Hum... Hum... Je les ai chez moi... Je les revois en plus quand je suis parti de chez moi sur la machine à laver », « bon bah les gars, on fait comment là... ? ». Et sur ce match Jean-Marc Baudouin envoie une praline devant, Yaya tout seul aux 20 mètres, qui tergiverse de trop devant le gardien adverse, ses jambes vacillent, pas la balle. Et lààààààà.... il ne touche même pas la balle en voulant shooter, mais s'écrase sur la pelouse derrière. Il y avait le gardien adverse qui le regardait tout penaud, même lui il était étonné de voir ce qu'il avait vu. Yannick Sautjeau inventait la Yayaball ce jour-là.

  • On te connaît un certain attachement au tournoi de la Baule ? 

C'est un véritable pèlerinage ! Y a eu beaucoup d'années, j'en ai fait des pas mal des tournois de La Baule. On a toujours des amis pour nous accueillir là-bas. Chez Manu Manceau notamment, qui avait de sacrées beaux vitrages... Mais plus sérieusement, j'en garde de très bons souvenirs, on l'a gagné deux fois le tournoi, on était super fiers d'avoir fait ça ensemble. Je le répète, mais c'est un pèlerinage ce tournoi. Y'a une bonne entente avec les joueurs de la Baule, depuis des lustres, et c'est tout ça qui fait que c'est un super tournoi. C'est absolument à faire ce tournoi.

  • Quel est le meilleur joueur avec qui tu as joué ? 

Peter Coudray. En tant que gardien, quand tu as un défenseur comme Peter Coudray devant toi... Il parle, il sauve les meubles, c'est inné pour lui. Tu n'as pas besoin de beaucoup de temps de jeu avec lui pour savoir que tu peux lui faire une confiance quasi-aveugle. Mais si on compte toute mon histoire depuis mes débuts, c'est Yaya, c'est peut-être pas le meilleur, mais on se connaît les yeux fermés, on se comprend direct. Si je sors, je sais qui va aller dans mon but pour essayer de sauver ce qu'il peut.

  • Peux-tu donner ton onze de rêve des joueurs ayant joué avec toi ? 

Ça sera un onze sentimental, je vous préviens tout de suite !Coach : MouchetteRemplaçants : Loïc Prodhomme ; Jean-Paul Delouche ; Jean-Marc Delouche ; Philippe Ribayrol Pascal Grit (GK) Frédéric Lacire - Peter Coudray - J-M Baudouin J-F DeneuxAnthony Bioteau - Marc Landelle - Emmanuel BourgeoisEric Llorens - Yannick Sautjeau - Stéphane Romann

  • Vois-tu des différences entre le hockey de tes débuts et celui d'aujourd'hui ? 

Niveau infrastructures déjà, on jouait sur des mauvais terrains quand j'ai débuté. Le terrain en falun derrière le collège Georges Gironde de Segré on s'en rappelle tous ! Aujourd'hui les synthétiques c'est encore mieux. Les effectifs d'aujourd'hui sont aussi beaucoup plus jeunes qu'à l'époque. De nos jours, j'ai mon fils d'inscrit aussi. D'ailleurs finalement, c'est nos enfants qui ont pris un peu le relais. Il y a eu une évolution, le jeu est plus technique, mais c'est moins « cohésion » qu'avant. Aujourd'hui, c'est peut-être l'époque qui veut ça, mais je ressens que « ça pense moins collectif », les joueurs sont moins dans la cohésion, le regard de groupe est différent. Toutefois, il y a aujourd'hui une bonne évolution, avec les entraîneurs qui vont dans les écoles déjà ! Manu Cosson fait du bon boulot aujourd'hui. Je veux aussi souligner l'impact qu'a eu Jean-Noël Mouche sur le club depuis qu'il est arrivé à la fin des années 1990. Lui il ne s'occupe pas du jeu, mais il est capable de développer quelque chose en y mettant les BONS moyens, tout en restant familial, et ça c'est le maître mot à Segré. Il est venu au club quand j'ai commencé le hockey. On ne peut pas douter de ses compétences, le fait qu'il soit aujourd'hui Secrétaire Général de la FFH (Fédération Française de Hockey), après avoir été président de la LPLH (Ligue des Pays de la Loire) en dit long déjà...

  • Que penses-tu de la situation actuelle du club ?

Les jeunes sont nombreux. Je ne connais pas tous les effectifs, mais j'ai l'impression qu'il y a plein de nouvelles têtes. Je vois qu'il y a une multiplication des créneaux, qui s'adaptent aux différentes envies des gens, c'est génial ! Le créneau « loisirs / sport-santé » par exemple, on fait du hockey, du renforcement musculaire, et on rigole surtout !Le bémol sur la situation actuelle du club, c'est le terrain... Et un terrain qui est dans un mauvais état, cela ne va pas forcément aider à faire un super recrutement durable. Un synthétique, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ça exige un entretien, moins régulier que sur un terrain engazonné évidemment, mais ça exige un entretien tout de même.Ça serait sympa de faire une équipe vétéran, mais on en a pas les moyens, ou la largesse d'effectif suffisante à chaque fois.

  • Comment vois-tu le hockey en France ? 

Je ne le vois pas. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que c'est loin. On a suivi l'équipe de France l'année dernière parce que ça passait sur l'Equipe21. C'était super, il y avait un petit engouement qui faisait plaisir. Pour moi actuellement, il n'y a pas assez de matchs télévisés. Pour suivre le championnat français de hockey ce n'est pas simple non plus. Les niveaux du dessus, c'est loin. Si mon fils y était je ne dis pas, mais le hockey pour moi, ça peut se limiter à Segré...

  • Peux-tu nous en dire plus sur ta fin de carrière au hockey ?

J'ai l'impression d'avoir arrêté quand je n'étais plus dans les buts déjà. J'ai ensuite fait quelques années en tant que joueur, pour prolonger le plaisir. Moi j'ai de plus en plus de mal à me lever le dimanche. Je suis toujours content de jouer au hockey de temps en temps. Y'a rien de décidé encore si je ne ferai pas l'année de plus, mais ... il ne faudrait pas que ça soit « l'année de trop »... Je serai là pour dépanner si je suis là de toute manière. Au pire, j'aurai une licence loisirs. Et puis, c'est sympa de jouer avec son fils ! 

  • Quels liens avec le club as-tu aujourd'hui ? 

C'est par Axel, mon fils, qui joue avec les séniors. Je suis toujours partant pour les pèlerinages à la Baule par contre. J'ai aussi les loisirs le jeudi soir. C'est dommage que ça soit trop tard, parce que c'est vraiment marrant. Pourquoi pas le samedi ? C'est un créneau peut-être risqué mais ça pourrait le faire nan ? Bon c'est aussi le jour où les jeunes ont leurs matchs en général, donc compliqué mais je pose l'idée. A voir...

  • Paco, un petit mot pour finir cette discussion ? 

Le hockey c'était une belle aventure (parce que maintenant c'est derrière). Je pense que les générations actuelles ne connaîtront pas ce qu'on a connu avant ! Il ne tient qu'à eux d'essayer...

Selon les dernières indiscrétions, Paco aurait refusé une offre mirobolante d'un club qatari, dans l'idée de reprendre une licence à l'ESSHA l'an prochaine afin de pouvoir faire son jubilé en fin de saison... 

Affaire à suivre...